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Quand l’administration Park Geun-hye diffamait « MissyUSA » et imposait une police de la pensée

Le 22 octobre 2017, le quotidien progressiste sud-coréen Hankyoreh a acquis des documents montrant comment la campagne de dénigrement contre la communauté de femmes coréennes américaines « MissyUSA » avait été téléguidée par les conseillers de la Présidente Park Geun-hye (depuis lors destituée et emprisonnée, dans l’attente de son jugement). Il s’agissait de diffamer systématiquement une organisation qui avait commis un crime de lèse-majesté en participant en 2014 à des manifestations à l’encontre de la Présidente Park (pour commémorer le naufrage du Sewol) – et qui devaient conduire un an plus tard, à l’issue d’un procès, à la levée toutes les accusations à l’encontre de MissyUSA.

missyusa_diffamation_park-geun-hye_manifestationManifestation anti-Park Geun-hye à Atlanta, le 11 mai 2014

Prétendre que les Coréens des Etats-Unis sont manipulés par la Corée du Nord est à peu près aussi risible que croire que le communisme était la force d’opposition majeure aux Etats-Unis pendant la guerre froide : c’est pourtant ce mensonge énorme qu’a tenté d’accréditer la présidence Park Geun-hye à l’encontre de MissyUSA, en mobilisant tous les moyens dont peut disposer un Etat pour imposer une pensée juste, à défaut de pouvoir appliquer à l’étranger l’arsenal juridique répressif – basé notamment sur la loi de sécurité nationale – de l’Etat sud-coréen.

Premièrement, ainsi que l’a ordonné Kim Ki-choon, qui dirigeait l’administration présidentielle, diffuser une fausse information, en prétendant qu’un agent nord-coréen était présent à la manifestation anti-Park.

Deuxièmement, toujours selon les instructions données par Kim Ki-choon, accréditer la thèse que MissyUSA est manipulé par des éléments pro-Corée du Nord et que cette « vérité » doit être le plus largement diffusée. Obéissant aux ordres présidentiels, le Chosun Ilbo (journal le plus lu de Corée du Sud et habituel porte-voix des services de renseignement du pays) a publié sur son site Internet, le 17 octobre 2017, l’interview d’un défecteur nord-coréen, Lee Ae-ran, prétendant que des agents nord-coréens étaient derrière MissyUSA. Il est classique que les défecteurs nord-coréens servent de masse de manoeuvre aux opérations de désinformation du gouvernement sud-coréen.

Troisièmement, que le parti au pouvoir (Saenuri) et d’autres organisations liées à la nébuleuse conservatrice (la Fédération coréenne pour la liberté et l’Association des vétérans coréens) multiplient les déclarations, le cas échéant en achetant des pages de publicité, pour dénigrer MissyUSA.

Maintenant que les preuves sont connues de l’entreprise massive de manipulation des opinions publiques conduites à l’instigation du régime Park Geun-hye, il importe que ses séides répondent de leurs actes devant la justice, en République de Corée, aux Etats-Unis et partout dans le monde : le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud appelle à ce que les bouches s’ouvrent, pour que ces violations massives des libertés publiques soient enfin connues et permettent l’inventaire des atteintes massives et systématiques aux droits de l’homme perpétrées par le régime Park Geun-hye.

Le placement en détention de Park Geun-hye prolongé de 6 mois

Le 13 octobre 2017, la Cour centrale du district de Séoul a décidé de prolonger de 6 mois maximum le placement en détention (qui arrivait à expiration le 16 octobre 2017) de l’ancienne Présidente Park Geun-hye, destituée puis interrogée dans le cadre de l’affaire Choi Soon-sil – qui a conduit par ailleurs à la condamnation à 5 ans de prison, le 25 août 2017, de l’héritier et du dirigeant de fait du groupe Samsung, Lee Jae-yong. 

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La demande de la prolongation du placement en détention avait été demandée par les procureurs fin septembre, afin de pouvoir continuer de mener à bien une enquête aux implications nombreuses et complexes : début octobre, seules 76 personnes avaient pu être interrogées, alors que des centaines d’auditions sont prévues.

Si l’ancienne chef de l’Etat est apparue affaiblie et amaigrie, menottes aux poignets, ses conditions de détention sont plus clémentes que pour le vulgum pecus des prisonniers coréens.

Après la condamnation à cinq ans de prison ferme de Lee Jae-yong, l’heure est venue de punir les séides du NIS

Placé en détention depuis le 17 février 2017, dans le cadre de l’affaire Choi Soon-sil, Lee Jae-yong, héritier du groupe Samsung et dirigeant de fait du groupe (qui représente 23 % du PIB sud-coréen) depuis l’hospitalisation de son père en 2014, a été condamné à cinq ans de prison ferme le 25 août 2017. Une décision de justice qui témoigne des liens étroits, faits d’arrangements entre amis, entre la clique conservatrice (au pouvoir à Séoul entre 2008 et 2017) et le grand capital sud-coréen – et qui ne doit pas non plus occulter les violations massives des droits des travailleurs que nous avions dénoncées, aux côtés de Sud-Coréens exploités par le chaebol lors de leur visite en France, aux côtés, notamment, de la CGT-Métallurgie et de l’Association d’amitié franco-coréenne

Lee_Jae-yong_samsng_coree_condamnéLee Jae-yong

Le retentissant scandale du Choigate – du nom de la gourou, Choi Soon-sil, de la présidente Park Geun-hye jusqu’à la destitution de cette dernière – a connu un nouveau rebondissement avec la condamnation à 5 ans de prison ferme de Lee Jae-yong, dirigeant de fait de Samsung : l’enquête a confirmé le versement (ou la promesse de versement) de quelque 32 millions d’euros (et non plus 16 millions d’euros, comme initialement envisagé) à deux fondations dirigées par Choi Soon-sil en contrepartie de pressions publiques en faveur d’une opération capitalistique ayant renforcé la position de Lee Jae-yong à la tête de Samsung.

Lee Jae-yong, qui a suivi une ligne de défense consistant à déclarer qu’il n’aurait pas eu les compétences et les connaissances nécessaires pour prendre les décisions incriminées (ce qui ne l’empêchait pas d’en retirer en revanche les dividendes, puisque le magazine Forbes estime sa fortune à 5,9 milliards d’euros, la troisième plus importante de Corée), a a admis, pendant le procès, un don d’un cheval d’une valeur de 800 000 euros à Chung Yoo-ra, la fille de Choi Soon-sil, qui se préparait à l’épreuve de dressage aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Les révélations médiatiques lors du procès ont aussi fait apparaître les relations directes entre Lee Jae-yong et les services de renseignement sud-coréens (NIS) pour l’informer en temps réel de l’opération capitalistique citée plus haut. Si Lee Jae-yong et Park Geun-hye sont désormais en prison, et le premier d’ores et déjà condamné, un autre procès reste bien à faire : celui de la mafieuse agence de renseignement sud-coréenne, impliquée dans toutes les atteintes à la démocratie en Corée du Sud. Le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud convie l’administration démocrate sud-coréenne à ne pas trembler face aux nécessaires poursuites des agents de renseignement sud-coréens qui, aux différents niveaux qu’ils ont occupés, ont agi en séides d’un régime criminel et corrompu, qu’avait par ailleurs soutenu sans nuances le Président François Hollande. Sans cette épuration de l’agence de renseignement sud-coréenne, la démocratisation de la République de Corée ne pourra être menée à bien.

Le « traitement spécial » de la détenue Park Geun-hye

Placée en détention provisoire le 31 mars 2017, peu après sa destitution, l’ex-présidente de la République de Corée Mme Park Geun-hye bénéficie de faveurs dans ses conditions de détention. Mais le plus choquant est probablement le traitement ordinaire des prisonniers en Corée du Sud.

Les conditions de détention provisoire de Mme Park Geun-hye choquent les médias et les citoyens sud-coréens : de fait, elle bénéficie d’une plus grande cellule que les autres détenus eu égard à son « statut« , et elle a pu dormir deux nuits dans une chambre de l’administration pénitentiaire après s’être plainte du papier peint de sa cellule, trop sale selon elle – le temps qu’il soit changé.

Mais si les conditions de détention de Mme Park Geun-hye sont clairement illégales, elles ne doivent pas occulter le fait que les droits des prisonniers sud-coréens ne classent pas, loin s’en faut, le pays aux premières places des démocraties – en particulier lorsque, au détour d’un article de la presse sud-coréenne, on apprend qu’une chambre de onze mètres carré peut accueillir six détenus… Sans parler des violences en prison, dont les objecteurs de conscience sont parmi les premières victimes. Et avec, pour eux, le seul délit d’être condamné par une législation nationale illégale, car contraire aux engagements internationaux de la République de Corée. Visiblement, le non-respect de la loi ne fonctionne que dans un seul sens en Corée du Sud : au profit des privilégiés de la naissance et de l’argent.

Park Geun-hye placée en détention

L’ancienne présidente sud-coréenne destituée Mme Park Geun-hye n’aura pas bénéficié longtemps du confort de sa luxueuse villa, blottie entre les immeubles du centre de Séoul. Après une audition de 8 heures et 40 minutes, elle a été placée en détention provisoire dans la nuit du 30 au 31 mars 2017. Nous reproduisons ci-après les images prises par l’agence sud-coréenne Yonhap avant et après son audition judiciaire, à l’issue de laquelle elle a rejoint en voiture le centre de détention de Séoul.

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