Représentation à Paris de « Jool » par la troupe Donghaenuri : n’oublions pas les femmes de réconfort

Le 5 août 2016, la compagnie de théâtre sud-coréenne Donghaenuri a représenté à Paris, place Edmond Michelet près du centre Beaubourg, la pièce Jool, déjà montrée en France dans le cadre du festival d’Avignon, qui revient sur le drame des « femmes de réconfort ». Cet euphémisme désigne les centaines de milliers de femmes, en grande partie coréennes, qui ont dû se prostituer dans les bordels militaires de l’armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. Alors qu’un accord conclu le 28 décembre 2015 entre les gouvernements sud-coréen et japonais a prétendu régler « de manière finale et irréversible » la question des femmes de réconfort, les associations de défense des anciennes esclaves sexuelles coréennes protestent contre l’absence de responsabilité légale des autorités japonaises dans ce crime de masse. Au moment où il ne fait pas bon manifester en Corée du Sud son opposition au déshonorant accord du 28 décembre 2015, le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD), défenseur d’une liberté d’expression artistique bafouée au Sud de la péninsule, a soutenu la représentation de Jool à Paris, sur laquelle nous revenons ci-après en photos – pour lesquelles nous remercions Dominique De Miscault

La compagnie de théâtre Donghaenuri est un groupe folklorique coréen, créé en 1996 à Ulsan. Il a joué un rôle important dans les échanges culturels entre la Corée et le Japon – en particulier, il a reçu en 2002 le statut d’ambassadeur de la Coupe du monde en Corée et au Japon ; en 2008, il a été invité au concert de l’amitié nippo-coréenne de Kumamoto, qui s’est tenu au Japon; en 2012, il a participé au programme culturel d’échanges de Niigata Matsuri comme représentant de la ville d’Ulsan.

Le spectacle combine chants, danses, musique et théâtre à proprement parler. Une jeune femme en robe traditionnelle, assise, figée dans une position hiératique, symbolise la souffrance muette des anciennes victimes de l’esclave sexuelle – dans une oeuvre puissante qui exprime le désarroi et la souffrance des « femmes de réconfort », aujourd’hui très âgées et marquées à jamais dans leur chair et leur dignité. Symboliquement, dans un geste tendant à l’auto-mutilation, une femme coupe sa natte, utilisée comme pinceau pour s’exprimer sur une toile posée à même le sol, reprenant les procédés à l’encre de Chine de la peinture est-orientale traditionnelle. Les gestes se suffisent eux-mêmes, dans une grâce indicible riche en émotions.

00_place-edmond-michelet_paris_beaubourg_5-aout-2016.JPG01_jool_donghaenuri03_donghaenuri_coree_paris04_folklore_coreen_avignon02_theatre-coreen_theatre_traditionnel05_cild_femmes-de-reconfort_theatre06_donghaenuri_ulsan_compagnie07_paris_5_aout_2016_0708_chant_coree_femmes-de-reconfort09_festival_avignon_donghaenuri10_festival_avignon_troupe_coreenne11_patrimoine_immateriel_nongak12_natte_femmes-de-reconfort_esclaves-sexuelles13_photo_coree_dominique-de-miscault14_toile_jool_esclaves-sexuelles15_theatre_coreen_beaubourg16_donghaenuri_paris_5-aout17_ssireum_lutte_coree18_petite-fille_esclave-sexuelle_coree20_justice_femmes-de-reconfort_park-geun-hye21_donghaenuri_paris_aout-201622_actrice_theatre_coreen_paris23_tambour_gong_coree25_farandole_coree_donghaenuri26_farandiole_donghaenuri_coreen28_place-edmond-michelet_paris_5-aout-201629_comfort-women_paris_korea30_temoignage_esclaves-sexuelles_coree32_donghaenuri_jool_theatre33_combat_justice_esclavage-sexuel

Laisser un commentaire