L’ambassadeur de Corée en France Mo Chul-min interrogé par la justice

Dans notre édition du 19 octobre 2016 nous faisons état d’une liste noire d’artistes sud-coréens visant à les priver de toute aide logistique ou financière en raison de leurs opinions politiques (réelles ou supposées), et qui comporterait pas moins de 9 000 noms. Dans le cadre de l’enquête menée par le procureur indépendant Park Young-soo sur le scandale de trafic d’influence (affaire Choi Soon-sil) ayant conduit au vote par le Parlement d’une motion de destitution de la Présidente sud-coréenne Park Geun-hye, un personnage bien connu des Français a été interrogé par le procureur Park Young-soo le 29 décembre 2016 : Son Excellence Mo Chul-min, ambassadeur de la République de Corée en France.

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L’ambassadeur Mo Chul-min a été interrogé après que l’ancien ministre de la Culture Yoo Jin-ryong eut annoncé à la radio, le 26 décembre, que Mo Chul-min lui avait transmis la liste noire, alors qu’il était conseiller présidentiel à l’éducation et à la culture de la Présidente Park Geun-hye. M. Mo n’a occupé ses fonctions que brièvement (de 2013 à 2014), se faisant rapidement nommer Ambassadeur de la République de Corée en France. Cette nomination est intervenue opportunément avant le début des années croisées France-Corée, qui ont donné lieu à de nombreuses manifestations culturelles dont, comme de juste, les artistes sud-coréens qui pensent mal ont été tenus à l’écart – toujours avec l’aval du gouvernement français, soutien sans faille du régime autoritaire de la Présidente sud-coréenne Park Geun-hye.

L’enquête menée par le procureur indépendant Park Young-soo cherche à déterminer qui a ordonné l’établissement de la liste noire. Après les déclarations de l’ancien ministre Yoo Jin-ryong formulées le 26 décembre, les événements se sont très vite enchaînés : Mo Chul-min est arrivé en Corée dès le 28 décembre, pour être auditionné par l’équipe d’investigation du procureur Park Young-soo dès le lendemain, peu avant 14 heures. L’ambassadeur de Corée en France a refusé de répondre aux questions des journalistes présents lors de son arrivée dans les bureaux du procureur, à 13h45.

Mo Chul-min, qui ambitionnait de devenir ministre de la Culture avant que ses plans de carrière ne soient contrariés par l’éclatement du scandale Choi Soon-sil, est un fidèle parmi les fidèles de la Présidente Park Geun-hye : il a ainsi instrumentalisé l’Association des résidents coréens en France pour en faire un instrument de la politique du parti Saenuri (conservateur, au pouvoir en Corée du Sud), utilisant cette Association pour organiser en septembre dernier une manifestation sur les droits de l’homme en Corée du Nord sous les fenêtres de la représentation diplomatique nord-coréenne en France. L’ambassade de Corée en France n’a même pas cherché à cacher l’entier soutien logistique (banderoles, …) qu’elle a apporté à ce type d’activités, que les journalistes sud-coréens basés en France auraient été fortement incités à couvrir. Puis, dans le cadre des manifestations anti – Park Geun-hye qui ont également été organisées à Paris, l’ambassadeur Mo Chul-min a suivi la traditionnelle stratégie de diversion de la droite sud-coréenne consistant à faire souffler le vent (de Corée) du Nord par gros temps politique en Corée du Sud. Il est intervenu en ouverture d’un colloque sur les droits de l’homme en Corée du Nord organisé par… la section d’études japonaises de l’INALCO. Quelques jours plus tôt, l’ambassade de Corée en France avait déjà soutenu une manifestation, place du Trocadéro à Paris, de réfugiés nord-coréens en Europe.

La carrière du zélé ambassadeur Mo Chul-min risque à présent de connaître une évolution que n’avait pas anticipé ce grand serviteur de l’administration Park Geun-hye.

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