Crimes sexuels dans l’armée : le voile pudique des autorités sud-coréennes

L’armée de la République de la Corée apparaît comme une zone de non-droit, où sont commis des actes de torture – comme en a témoigné par exemple, en avril 2014, la mort d’un conscrit victime de sévices. Un autre sujet préoccupant sont les crimes à caractère sexuel contre les femmes, ainsi qu’en fait état un récent rapport parlementaire de l’armée dont l’examen a été confié à un député d’opposition (conservateur), Kim Hack-yong – mais ce dernier, en alignant les généralités et en refusant de détailler les faits qu’il juge inquiétants, témoigne non seulement du refus de transparence des autorités sud-coréennes, mais de leur collusion avec les partisans de l’impunité. Au demeurant, que pouvait-on attendre d’autre de la part d’un député appartenant à un parti (le mal nommé le parti de la Liberté de la Corée) qui assume l’héritage de la junte ayant tué des milliers de Coréens entre 1961 et 1987, et dont certains membres n’hésitent ainsi pas à justifier les atrocités de feue la dictature militaire ?

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Kim Hack-yong

Est-ce de la complaisance ou le signe de son incapacité à exercer son mandat de parlementaire, c’est-à-dire de représentant de la nation disposant de prérogatives spécifiques et habilité non seulement à voter la loi, mais aussi à contrôler l’action du gouvernement et de l’administration ?

Kim Hack-yong déclare que les « mauvais comportements sexuels » sont un « problème persistant » dans les académies militaires – celles-là même où l’on forme l’encadrement des futures recrues, alors que la Corée du Sud maintient le système de conscription.

Le « zéro délit » n’existant dans aucune société, le lecteur pouvait s’attendre à des révélations… que nenni ! On saura seulement que 4 cas ont été référencés de janvier à septembre 2017, contre 5 en 2016 – et que 33 soldats ont été punis en 5 ans (dont 14 expulsés de l’armée). Mais des cas de quoi ? « Harcèlement, prostitution, propos obscènes et viols » selon l’auteur de l’article du Korea Times. Seul exemple cité : une caméra cachée permettant de voir les sous-vêtements d’une femme, et ayant conduit à une expulsion.

Oui, vous avez bien lu : non seulement les viols (qui sont un crime en droit pénal) seraient donc rares dans les académies militaires sud-coréennes (car rarement déclarés ?), mais de surcroît leurs auteurs seraient, au plus, expulsés ?!

Il est grand temps que l’administration démocrate du Président Moon Jae-in, qui a été avocat des droits de l’homme pendant la dictature militaire, cesse de prendre pour argent comptant les rapports de l’armée sud-coréenne qui, encore et toujours, est déjà soucieuse de l’impunité des tortionnaires dans ses rangs – et encore plus de laisser les  parlementaires d’un parti héritier de la dictature militaire traiter ces atteintes aux droits de l’homme.

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