« Spy Nation » : le film documentaire de Choi Seung-ho montre les atteintes aux droits fondamentaux des défecteurs nord-coréens par les services de renseignement sud-coréens

En 2014, les services de renseignement sud-coréens (National Intelligence Service, NIS) ont fabriqué des preuves à charge contre un réfugié nord-coréen en Corée du Sud – Yoo Woo-sung – chargé des défecteurs nord-coréens à la ville de Séoul, afin de pouvoir l’accuser d’espionnage au profit de la Corée du Nord. Alors que les engagements de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye de faire toute la lumière sur ce scandale n’ont pas été tenus, un film documentaire, réalisé par Choi Seung-ho, intitulé Spy Nation (La Nation Espionne), a mis en lumière les mécanismes de manipulation et de coercition employés par le NIS, ainsi que l’absence de contrôle démocratique d’une agence de renseignement toute-puissante – comme l’a montré un article de Brian Padden publié par Voice of America, et intitulé :  « Spy Nation Film Alleges Abuse of N. Korean Asylum Seeker ».

Le scandale a été l’un des plus graves ayant affecté le NIS, ayant conduit à ce que le directeur du NIS Nam Jae-joon doive présenter des excuses, ainsi qu’à la démission d’un responsable du NIS, Yu Woo-sung ayant été acquitté.

Ce que montre Spy Nation – un film relevant du journalisme d’investigation, réalisé grâce au financement participatif – ce ne sont pas seulement la falsification de documents officiels par le NIS – et sa tentative de charger l’un de ses informateurs, qui a tenté de se suicider – mais aussi la manière dont le NIS ne respecte pas les droits fondamentaux des demandeurs d’asile nord-coréens. Ainsi, la soeur de Yu Woo-sung, Yu Garyeo, lorsqu’elle a demandé l’asile en Corée du Sud a été forcée de faire de faux aveux d’espionnage au profit de la Corée du Nord, impliquant son frère et elle-même, en ayant été frappée, menacée et soumise à un harcèlement continu.

Lui-même défecteur nord-coréen, Ahn Chan-il, qui dirige l’Institut mondial d’études nord-coréennes, observe que ces pratiques coercitives, sans être généralisées, sont acceptées et banalisées au nom de la lutte contre l’infiltration d’espions nord-coréens parmi les réfugiés au Sud de la péninsule.

La sortie du film Spy Nation intervient alors que le NIS est pointé du doigt en étant soupçonné d’avoir emmené de force en Corée du Sud des employées d’un restaurant nord-coréen à l’étranger, afin de manipuler l’opinion publique sud-coréenne à la veille des élections législatives (perdues par les conservateurs au pouvoir) en accréditant la thèse de « défections de masse » de Nord-Coréens. Les autorités nord-coréennes ont parlé d’enlèvements de leurs ressortissantes, leurs demandes de confrontations entre les jeunes femmes en Corée du Sud et leurs familles restées au Nord ayant été rejetées.

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